Instructions du 1er grade
Lecture et commentaire de la 4e partie
Roger Dachez
(12 juillet 2014)
Demandes et réponses 1 à 4 :
D. Frère Premier Surveillant, ou se tiennent nos Loges ?
R. Sur une Terre Sainte.
D. Frère Couvreur (ou Frère Second Surveillant), pourquoi sur une Terre Sainte ?
R. Parce que la première Loge fût sanctifiée.
D. Frère N... (ou Frère Premier Surveillant), pourquoi fût-elle sanctifiée ?
R. En raison de trois grandes offrandes qui y furent faites et qui obtinrent la sanction divine.
D. Veuillez, je vous prie, expliquer ceci.
R. Premièrement, la prompte soumission d’Abraham à la volonté de Dieu, en acceptant d’offrir son fils Isaac en holocauste; mais il plût au Tout-Puissant de lui substituer une victime plus agréable. Deuxièmement, les prières et les supplications ferventes et répétées du Roi David qui apaisèrent la colère de Dieu et arrêtèrent la peste qui frappait son peuple parce qu’il l’avait par mégarde fait recenser. Et troisièmement, les nombreuses actions de grâces, oblations, holocaustes et riches offrandes que Salomon, roi d’Israël, fit lors de l’achèvement, de la dédicace et de la consécration du Temple de Jérusalem au service de Dieu. Ces trois offrandes ont rendu, rendent et je l’espère rendront saint à jamais le sol de la Franc-Maçonnerie.
Ce sont des instructions importantes. Rappel des épisodes. Le sacrifice d’ Isaac, préfiguration du sacrifice de Jésus, est le premier sacrifice offert par un patriarche à Dieu, c’est une prière, une supplication offerte en réparation à Dieu parce que la peste s’était abattue sur Israël en représailles à David qui avait fait dénombrer son peuple. Acte qui dans la Bible est assimilé à vouloir s’en instituer le M∴. Dieu manifeste sa colère sur David pour lui rappeler que le peuple n’ appartient qu’à Dieu.
L’usage des récits bibliques avec la tradition patriarcale du peuple juif sont des récits proclamant la FOI. Il y a une tradition historique réinterprétée et chargée d’un sens vers Dieu. Les textes sacrés et les textes Maçonniques traditionnels sont de même nature.
Le choix des trois offrandes rapportées à la Franc-Maçonnerie est surprenant. La première Loge fut sanctifiée en raison des trois offrandes d’ Abraham, de David et de Salomon. La Loge est le point commun entre les trois lieux en Terre Sainte. Dans la tradition maçonnique, la Loge peut être comprise comme une évocation de la Terre Sainte. Ce qui caractérise un lieu saint c’est l’intention de le rendre sacré. la Loge Maçonnique est un endroit structuré, symbolisé et orienté. Les pionniers de la maçonnerie anglaise étaient imprégnés des textes bibliques.
Les travaux de «planches» sont pratiqués exclusivement en France. A l’origine, la Franc-maçonnerie propose un corpus de textes, de rituels et d’instructions; le véritable travail de la Franc-Maçonnerie est l’étude approfondie de ces textes. Il y a 25 ans, à la LNF, la Loge Jean-Théophile Désaguliers a repris la pratique de l’instruction autour de la table.
Après des mois de relecture, le texte traduit de notre Rituel est pur, comparé à l’original.
La sanctification est l’observance de la loi du coeur, la foi.
Demandes et réponses 5 et 6 :
D. Comment nos Loges sont-elles orientées ?
R. Plein Est et Ouest.
D. Pourquoi ?
R. Parce que tous les lieux de culte, de même que les Loges régulières, bien disposées et constituées, sont ou devraient être ainsi orientées.
Equivalence entre les lieux de culte et les loges régulières. Pour les anglo-saxons tout endroit où se réunissent quelques individus pour prier est un lieu de culte.
Demandes et réponses 7 à 9 :
D. Nous donnons à cela en Maçonnerie trois raisons. Je vous serais obligé de me dire la première.
R. Le soleil, gloire du Seigneur, se lève à l’Est et se couche à l’Ouest.
D. La deuxième ?
R. Le savoir a pris naissance à l’Est et a ensuite étendu vers l’Ouest son influence bienfaisante.
D. La troisième, dernière et grande raison ?
R. Chaque fois que nous méditons sur les œuvres de la création, avec quel empressement joyeux nous devons adorer le Créateur Tout-Puissant qui n’est jamais resté sans un vivant témoignage parmi les hommes. Depuis les périodes les plus reculées nous avons appris à croire à l’existence d’une divinité. Les Ecritures nous montrent Abel apportant une offrande plus agréable au Seigneur que celle de son frère Caïn ; Enoch marchant avec Dieu ; Noé, homme juste et droit en son temps, enseignant la rectitude par son exemple ; Jacob luttant avec l’ange, l’emportant et acquérant ainsi une bénédiction pour lui-même et sa postérité. Mais jusqu’à l’heureuse délivrance des enfants d’Israël de la captivité d’Egypte par la volonté du Tout-Puissant et sous la conduite de son fidèle serviteur Moïse, en accomplissant de la promesse faite à leur ancêtre Abraham que de sa semence naîtrait un peuple grand et puissant, égal en nombre aux étoiles du ciel et au sable de la mer, nous ne voyons jamais qu’un endroit ait été réservé au culte solennel de la Divinité. Et lorsqu’ils furent sur le point de forcer la porte de leurs ennemis et d’entrer en possession de la terre promise, le Tout-Puissant jugea bon de leur révéler ces trois excellentes institutions : La Loi morale, la Loi cérémoniale et la Loi judiciaire. Et pour une meilleure célébration du culte divin ainsi que pour recevoir les Livres et les Tables de la Loi, Moïse fit élever dans le désert une Tente ou Tabernacle qui selon le commandement exprès de Dieu était orienté plein Est et Ouest, car Moïse exécuta toutes choses selon le type que le Seigneur lui avait montré sur le mont Sinaï. Cette Tente ou Tabernacle fournit par la suite le plan et l’orientation de ce Temple magnifique élevé à Jérusalem par le Roi Salomon, ce Prince sage et puissant dont le faste royal et l’éclat inégalable dépassaient de loin notre imagination. C’est la troisième, dernière et grande raison que je donne en tant que Franc-Maçon pour expliquer que tous les lieux de culte, de même que les Loges régulières bien disposées et constituées, sont ou devraient être, ainsi orientés.
Aucun endroit n’est réservé, l’hommage à Dieu peut être rendu partout. Le Tabernacle donne le modèle du Temple de Salomon qui devient celui des loges.
le Temple de Salomon détruit le culte sacrificiel ne peut se faire.
Le Temple est le type idéal de l’endroit qui reproduit tout l’univers et où l’on peut rendre hommage à Dieu.
Dans le Coran, il est dit que l’on peut prier dans n’importe quelle direction mais au fil du temps, il y a eu des directives.
Chaque lieu devient emblème et métaphore de l’univers.
Demandes et réponses 11 à 14 :
D. Qu’est-ce qui soutient la Loge d’un Franc-Maçon ?
R. Trois grandes colonnes.
D. Comment les nommez-vous ?
R. Sagesse, Force et Beauté.
D. Pourquoi cela ?
R. Sagesse pour inventer, Force pour soutenir et Beauté pour orner.
D. Donnez-en l’explication au sens moral.
R. Sagesse pour nous guider dans toutes nos entreprises, Force pour nous soutenir dans toutes nos difficultés et Beauté pour orner l’homme intérieur.
D. Décrivez-les.
R. L’Univers est le Temple de la divinité que nous adorons. Sagesse, Force et Beauté entourent son trône comme les colonnes de ses œuvres car sa Sagesse est infinie, sa Force toute-puissante et la Beauté resplendit dans l’ordre et la symétrie de toute la création. Il a tendu les cieux comme un dais, Il a placé la terre comme un marchepied, Il a couronné son Temple d’étoiles comme un diadème et Il déploie de sa main la puissance et la gloire. Le soleil et la lune sont les messagers de sa volonté et toute sa loi est amour. Les trois grandes colonnes, soutenant la Loge d’un Franc-Maçon, sont les symboles de ces attributs divins et représentent de plus Salomon Roi d’Israël, Hiram Roi de Tyr et Hiram Abif.
SAGESSE, FORCE et BEAUTE est une tirade dense et essentielle.
Ce n’est pas une invention de la Franc-maçonnerie, mais tirée de la théologie médiévale (cf Les Sentences de Pierre Lombard - traité de théologie composé vers 1146. et St Thomas) :
- Sagesse : le Fils
- Force : le Père
- Beauté, Grâce : l’Esprit Sain.
Dans la version de 1583 des Anciens Devoirs, on trouve cette invocation trinitaire : « par la Force du Père, la Sagesse du Fils Glorieux et la Beauté de l’Esprit Saint. »
Dans la Franc-maçonnerie des «Modernes», il y a une attribution des trois vertus Sagesse, Force et Beauté à trois personnes Salomon, Hiram et Hiram Abif.
Sur les premiers Tableaux de loge, figurent les initiales de ces trois personnages.
Demande et réponse 15 :
D. Pourquoi ces trois personnages illustres ?
R. Salomon, Roi d’Israël, pour sa Sagesse en élevant, achevant et consacrant le Temple de Jérusalem au culte de Dieu, Hiram, Roi de Tyr, pour sa Force en lui apportant son concours en hommes et en matériaux, et Hiram Abif pour son habileté et sa rare maîtrise dans l’embellissement et l’ornementation de l’édifice.
Cela confirme l’attribution idéale des trois colonnes : la Sagesse de Salomon, la Force d’Hiram roi de Tyr, et la Beauté d’Hiram Abif pour son habileté et sa maîtrise dans l’embellissement et l’ornementation de l’édifice.
Demande et réponse 16 :
D. Puisque nous n’avons pas d’ordres nobles d’architecture nommés Sagesse, Force et Beauté, lesquels utilisons-nous pour représenter ces colonnes ?
R. Les trois plus illustres qui sont les ordres Ionique, Dorique et Corinthien.
Les cinq ordres d’architecture sont une invention de la Renaissance. La Renaissance débute au XVe siècle en Italie, dans les années 1400 et durent une quinzaine d’années. Les ordres d’architecture sont à interpréter selon une signification symbolique et morale.
Le plus ancien : le dorique, ensuite le ionique et après le corinthien.
Demande et réponse 17 :
D. De quoi la Loge d’un Franc-Maçon est-elle couverte ?
R. D’un dais céleste de diverses couleurs, symbolisant les cieux.
Le sol peut être borné mais le ciel est infini.
Demandes et réponses 18 et 19 :
D. En tant que Maçons, comment espérons-nous y atteindre ?
R. A l’aide d’une Echelle, celle que les Ecritures nomment l’Echelle de Jacob.
D. Pourquoi est-elle appelée l’Echelle de Jacob ?
R. Rébecca, l’épouse bien aimée d’Isaac, sachant par une inspiration divine que son mari était investi d’une bénédiction particulière, voulut l’obtenir pour Jacob son fils favori, bien que par la naissance elle appartînt à Esaü son premier né. Jacob n’eut pas plutôt reçu par ruse la bénédiction de son père qu’il fût obligé de fuir la colère de son frère qui, dans un moment de fureur et de dépit, avait menacé de le tuer. Et tandis qu’il faisait route vers Paddam Aram, en Mésopotamie, (où il devait se rendre de l’ordre exprès de ses parents) fatigué et surpris par la nuit dans une plaine déserte, il se coucha pour se reposer, prenant la terre comme lit, une pierre comme oreiller et le dais du ciel comme tente. Là, dans une vision, il vit une Echelle dont le sommet s’élevait jusqu’au ciel et le long de laquelle les Anges du Seigneur montaient et descendaient. Ce fut à ce moment que le Tout-Puissant conclut une alliance solennelle avec Jacob. Il lui promit que s’il obéissait à Ses lois et gardait Ses commandements, non seulement Il le ramènerait à la maison de son père dans la paix et la prospérité mais encore qu’Il ferait naître de lui un peuple grand et puissant. Ceci se vérifia amplement par la suite, car après un délai de vingt ans, Jacob retourna dans son pays natal, y fut reçu avec bienveillance par son frère Esaü. Son fils favori Joseph fut plus tard, par la volonté de Pharaon, le second homme d’Egypte et les enfants d’Israël, puissamment protégés par le Seigneur, devinrent avec le temps une des plus grandes et des plus puissantes nations sur la surface de la terre.
L’Echelle de Jacob est représentée sur tous les tableaux de loge anglais. C’est un symbole universel, opposition du ciel et de la terre, qui prend appui sur un centre, une pierre de fondation et s’ouvre vers le ciel.
Les Anges qui montent et descendent le long de l’Echelle de Jacob sont des modes d’expression, des paroles envoyées de Dieu, des théophanies.
Sur les tableaux de loge Emulation, l’Echelle repose sur un autel sur laquelle est dessiné un cercle avec un point au centre. Ce fameux cercle représente l’immensité de l’univers et le point central la reliance à Dieu.
Demandes et réponses 20 et 21 :
D. De combien d’échelons cette Echelle est-elle composée ?
R. De nombreux échelons qui représentent autant de vertus morales mais dont les trois principales sont : Foi, Espérance et Charité.
D. Pourquoi Foi, Espérance et Charité ?
R. Foi dans le Grand Architecte de l’Univers, Espérance dans le salut et Charité envers tous les êtres humains.
Saint Paul invente les trois vertus théologales Foi, Espérance et Charité.
Demandes et réponses 22 à 24 :
D. Je vous serais obligé de me définir la Foi.
R. C’est le fondement de la justice, le lien de l’amitié et le principal soutien de la société civile. C’est par la Foi que nous vivons et progressons. Par elle nous avons continuellement la connaissance d’un Etre Suprême. Par la Foi nous accédons au Trône de grâce, nous sommes justifiés, exaucés et finalement admis. Une Foi véritable et sincère nous apporte ce que nous espérons. En la préservant et en nous y conformant durant notre carrière maçonnique, elle nous conduira dans ces demeures bénies où nous connaîtrons le bonheur éternel auprès de Dieu (signe de Respect), le Grand Architecte de l’Univers (on cesse le signe).
D. L’Espérance ?
R. C’est l’ancre de l’âme, à la fois sûre et solide ; elle nous relie à ce qui est derrière le voile. Alors, qu’une ferme confiance dans la loyauté du Tout-Puissant soutienne nos efforts et nous enseigne à maintenir nos désirs dans les limites de Ses saintes promesses ! Ainsi le succès nous récompensera. Si nous croyons qu’une chose est impossible, notre découragement peut la rendre telle, mais celui qui persévère dans une cause juste finit par surmonter toutes les difficultés.
D. La Charité ?
R. Admirable en elle-même, c’est l’ornement le plus éclatant qui puisse s’attacher à notre carrière maçonnique. C’est par elle que l’on juge le mieux de la sincérité de notre religion et c’est elle qui en apporte la meilleure preuve. La bienfaisance, soutenue par la céleste Charité, est un honneur pour la nation qui la voit naître, qui la cultive et qui l’honore. Heureux celui ou celle qui incline à la bienfaisance ; il n’envie pas son prochain, il n’ajoute pas foi à la médisance que l’on répand sur le compte d’autrui, il pardonne les offenses des hommes et s’efforce de les effacer de son souvenir. Alors, mes Frères, Mes Sœurs, souvenons-nous que nous sommes des Maçons Francs et Acceptés, toujours prêts à entendre celui qui implore notre assistance et ne refusons pas une main généreuse à celui qui est dans le besoin. Ainsi une satisfaction sincère sera le salaire de nos peines et nous recevrons à coup sûr les fruits de l’amour et de la charité.
Foi, Espérance et Charité au sens d’amour. Cette triade est au coeur de l’enseignement moral. «C’est par mes oeuvres que je montrerai ma Foi» dit St Jacques.
Agape signifie amour fraternel.
Demandes et réponses 25 et 26 :
D. Sur quoi cette Echelle repose-t-elle dans la Loge d’un Franc-Maçon ?
R. Sur le Livre de la Loi Sacrée.
D. Pourquoi repose-t-elle à cet endroit ?
R. Parce que les doctrines renfermées dans ce Livre Saint nous enseignent à croire aux lois de la Divine Providence ; cette croyance renforce notre Foi et nous permet de gravir le premier échelon. Cette Foi éveille naturellement en nous l’espérance de participer aux saintes promesses qui y sont consignées ; cette Espérance nous permet de gravir le second échelon. Mais le troisième et dernier échelon, qui est la Charité, embrasse le tout ; et le Maçon qui possède cette vertu dans son acception la plus large peut à juste titre être considéré comme ayant atteint le point le plus élevé de sa carrière, c’est à dire, pour parler par symboles, une demeure éthérée, cachée aux yeux des mortels par le ciel étoilé, représenté dans nos Loges par sept étoiles qui font aussi allusion à autant de Maçons régulièrement reçus ; sans ce nombre aucune Loge n’est parfaite et aucun candidat ne peut être légitimement initié dans l’Ordre.
Le Volume de la Loi Sacrée fait partie de la culture anglo-saxonne où la Bible est centrale. Le parcours maçonnique est une promenade détaillée avec tous les personnages et lieux de l’histoire biblique. La franc-maçonnerie se passe dans l’histoire, dans le temps et l’espace de l’histoire sainte.