Tenue spéciale Apprentis
Brève évocation de l’histoire et description de la loge, origine des Offices, explication du Tableau - Questions et réponses des Apprentis ad libitum
Roger Dachez
(2 février 2019)
Historique de la constitution des Loges à la période moderne
La maçonnerie traditionnelle britannique goûte peu les grands exposés.
La connaissance de l’histoire de la maçonnerie est fondamentale si on veut comprendre la maçonnerie. En France, à la fin du XIX° siècle, la maçonnerie « établie » s’est éloignée des objectifs anciens pour y substituer et adhérer à une démarche politique. La franc-maçonnerie porte traditionnellement une réflexion humaine en usant d’outils spécifiques. La franc-maçonnerie traditionnelle n’est ni libérale ni adogmatique.
La conception de « la Loge » a été inventée à l’époque opérative nimbée de mythes. Au moyen-âge, les ouvriers étaient organisés et en particulier la réception d’un ouvrier sur le chantier était une cérémonie ritualisée. Actuellement, la prestation de serment est devenue rarissime dans le monde professionnel.
En maçonnerie, le serment est la pierre angulaire et se prête sur le livre sacré (la Bible). Dans les temps anciens les corporations faisaient prêter le serment le plus souvent sur des reliques, car les livres étaient rares et chers. La loge n’est pas permanente, c’est l’endroit où l’on s’abrite pour préparer le travail du lendemain et où on se protège des intempéries. La construction d’une cathédrale s’inscrit dans le temps long, car l’espérance de vie d’un ouvrier est de l’ordre de 40 ans. En conséquence, l’ouvrier ne voit pas le début de la construction et sa fin. Pour mémoire, les « antiquités judaïques » de Flavius Joseph enluminées par Jean Fouquet incorporent une représentation du temple de Jérusalem comme une cathédrale en construction !
La maçonnerie opérative n’est pas un art ou un métier de brutes, car bâtir c’est participer à une oeuvre dans le temps et donc constitue un support spirituel. La maçonnerie spéculative naît sur une histoire floue, mais le rituel y constitue une méthode pour transmettre un savoir. La méthode spéculative reprend l’idée d’une formation à partir d’un socle rituel. L’architecture au sens large est un mode de projection qu’élabore une société selon l’idée qu’elle se fait d’elle-même. Agir et faire c’était se situer dans le temps et dans l’espace et dans une dimension spirituelle. Les confréries avaient pour objet la solidarité matérielle avec la notion d’une caisse commune de solidarité. La théorie classique du glissement de l’opératif vers le spéculatif est alimentée par 2 fleuves : l’un anglais, l’autre écossais. Actuellement, on retient plutôt la théorie de "l’emprunt" pour voir émerger la maçonnerie spéculative. Il existe une exception : les francs jardiniers élaborent le jardin d’éden.
Quelques dates significatives sont rappelées :
- 1517 Luther publie ses propositions
- 1534 l’acte de suprématie est adopté aux Communes
- 1536 Henri VIII ferme tous les monastères
Et la conséquence est de voir décliner l’activité de construction de bâtiments.
Projetons nous au XVIIe siècle, les notables sont passés par les loges, mais n’étaient pas du métier. Les freemasons sont des hommes libres et ne sont pas membres du métier et ils s’organisent en une formation moderne.
Au moyen âge les serments qui sont un système d’organisation sociale ont des applications comme le jugement de Dieu et l’ordalie. Serment et secret s’articulent pour préserver les secrets du métier à la période opérative. Au XVIIe siècle en écosse apparaît le « mot du maçon », car un employeur ne peut recevoir un ouvrier qui n’a pas été reçu dans une loge, et à défaut de document « papier » ce qui atteste l’état d’initié d’un ouvrier c’est sa connaissance du »mot ». Ce secret garantit l’exclusivité de l’emploi et les secrets de fabrication.
Mise en place des offices
Poser les questions fondamentales ne relève pas exclusivement de la franc-maçonnerie. A quoi servent les rituels et décors ? Si on regarde notre société contemporaine, les pratiques de l’administration de la Justice relèvent de l’ordre social d’où l’intérêt d’un formalisme cérémoniel. Décors, structure de l’espace, vêtements et circulation de la parole sont organisés pour soutenir une méthode.
Henri Corbin évoque le monde matériel et sensible de tous les jours et un autre monde celui des réalités supérieures ou spirituelles. Corbin dit que l’on met en place le « monde imaginal » qui est intermédiaire où l’on projette des images. On ne peut voir Dieu. Le monde projeté est le monde imaginal. La maçonnerie est une méthode de projection et le tableau de loge est un modèle projectif. La beauté est une incitation à aller au-delà du réel.